Laura Boileau Rousseau, connue sous le nom de Coquelicot Lbr, est une artiste peintre originaire de Bretagne qui explore, à travers ses toiles, la richesse et la diversité des représentations féminines. Inspirée par les cultures africaines, elle marie les symboles ancestraux à une approche visuelle moderne afin de révéler une féminité multiple et authentique, affranchie des clichés.
Depuis l’enfance, Laura Boileau Rousseau, nourrit une fascination pour les coquillages. « Ceux de chez moi, en Bretagne, et ceux que je dénichais ailleurs, souvent en brocantes », confie-t-elle. Très tôt, un symbole s’impose à elle : le cauri, petit coquillage blanc, à la fois fragile et chargé d’histoire. « C’est un symbole qui ne m’a jamais quittée. ».

C’est à travers cette obsession que naît, presque naturellement, son attrait pour l’esthétique africaine — une rencontre entre matière, mémoire et émotion. « Elle parle d’âmes, de racines, de transmission et de liberté créative », explique-t-elle. Dans les motifs et les textures, elle perçoit une poésie du geste, un langage universel où chaque perle, chaque visage, raconte quelque chose d’intime.
Enfant déjà, ses dessins semblaient venus d’ailleurs. « Je dessinais spontanément des motifs graphiques qui rappelaient les symboles adinkra du Ghana », se souvient-elle. Sa mère parlait d’un style “très ethnique”, évoquant le wax, sans savoir que ces formes puisaient déjà dans une mémoire collective.
Aujourd’hui, cette filiation visuelle s’affirme : des œuvres colorées, habitées par des figures féminines puissantes, souvent noires, mais universelles. « Je peins beaucoup de femmes noires, mais à travers des sujets universels […] J’aime que mes œuvres parlent à tout le monde, qu’elles fassent écho à des émotions humaines partagées. »

Dans son atelier, les coquillages côtoient les fleurs, les tissus africains rencontrent la campagne bretonne. L’artiste ne cite pas, elle fusionne : « J’absorbe les codes, puis je les laisse vivre autrement, dans une expression plus instinctive et personnelle. »
Ce dialogue entre deux mondes — africain et occidental — devient sa signature. Les cauris, omniprésents, rappellent la spiritualité et la féminité, tandis que les fleurs racontent son enracinement dans la nature. « C’est une fusion entre deux univers, deux parties de moi, qui finalement vivent en symbiose. »

Son amour pour l’esthétique africaine ne s’arrête pas à la peinture. Il la pousse à voyager, à apprendre, à écouter. « J’ai eu la chance de visiter la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Sénégal — notamment Dakar », raconte-t-elle avec enthousiasme. « Ce que j’aime, c’est plonger dans les vrais aspects d’un pays : la nourriture, les rencontres, la vie locale. ». Chaque voyage devient un atelier à ciel ouvert, une source d’inspiration renouvelée. Elle rêve de retourner à Dakar pour la Biennale.
Laura Boileau Rousseau suscite souvent l’étonnement lorsqu’elle présente ses œuvres. « Les réactions sont souvent les mêmes, et j’aime les observer discrètement », confie-t-elle. Lors des expositions, elle préfère rester en retrait, attentive à la manière dont les visiteurs découvrent ses tableaux sans imaginer qu’elle en est l’auteure.
« Le moment où ils réalisent que c’est moi qui ai créé ces portraits est toujours très fort », raconte-t-elle. « Dans 99 % des cas, la surprise est visible, car beaucoup s’attendent à ce que ce soit une femme noire derrière ces toiles. »
Loin d’en être vexée, elle y voit une forme de reconnaissance et de dialogue : ses portraits résonnent profondément avec les femmes africaines et afrodescendantes. « Même si je ne vis pas la réalité d’une femme noire, je cherche à la comprendre, à la traduire avec respect et sensibilité — à être un pont entre les regards. »
Dans un contexte culturel parfois tendu, elle ne fuit pas la question de l’appropriation culturelle. Elle la transforme en terrain de réflexion. « Personne ne parle d’appropriation quand tu t’intéresses réellement à un sujet […] L’appropriation devient un désastre quand elle naît de la superficialité. » Pour elle, tout repose sur la sincérité et la connaissance : apprendre, voyager, lire, comprendre avant d’utiliser un symbole.

« Mon art est une rencontre, pas une appropriation. Je me déconstruis chaque jour pour honorer, pas pour prendre. »
Elle croit en un art global, affranchi des hiérarchies et des frontières. Ce qu’elle peint, au fond, c’est cette liberté — celle d’appartenir à plusieurs univers à la fois, sans trahir aucun. Une poétique des racines partagées, ou les mondes s’enlacent comme les symboles d’une féminité en mouvement.









